Du Néolithique à nos jours...
Sans vouloir remonter trop loin on sait que notre région fut habitée dès le Néolithique par les peuplades de la préhistoire. Des vestiges le prouvent : statue-menhir de la Coste (Broquiès, environ 3000 ans avant notre ère), menhir couché de Peyrelevade, collecte d’objets en pierre taillée, terre cuite, céramiques, découverts lors de prospections sur les berges du lac de Pareloup lors de la vidange de 1993.
C’était l’époque des premières sociétés agro-pastorales et il est donc vraisemblable que des agriculteurs-pasteurs vivaient sur les plateaux et les coteaux entourant Broquiès.
Plus tard (environ 1000 ans avant notre ère) les Celtes créent la civilisation du fer et descendent vers le sud faisant souche en Rouergue : Broquiès est tiré de la racine celtique « broccos » qui veut dire « lieu broussailleux. Il faudra attendre néanmoins l’avènement des Carolingiens pour entendre parler de Broquiès comme étant le siège d’une viguerie carolingienne sous les ordres du Comte de Rodez, puis d’une vicomté : c’est à cette date que se trouve vraiment fondé le village dans les années 800. Cinq familles occupèrent successivement la Seigneurie de Broquiès.
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Au XIème siècle : Frotard Comte d'Ayssenes et Seigneur de Broquiès
C’est le plus ancien Seigneur dont le nom soit connu. Il naquit vers 1070, issu de la famille des Comtes de Toulouse et des Vicomtes d’Albi et Nîmes. C’est à partir de cette époque moyenâgeuse que furent construits le château et les fortifications qui faisaient corps : on en trouve mention dans des écrits de 1135 à 1404. Il se situait à l’entrée de la rue qui descend vers l’église, englobant celle-ci dans ses murailles, l’ancien couvent et les maisons bordant la rue. Il n’en subsiste que quelques fenêtres à meneaux et une salle en pierre de taille et voûte en ogive. C’était alors une forteresse entourée de murs et de fossés : à l’intérieur se trouvaient des maisons qui subsistent encore et aussi le château de la famille De Guibal.
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Du XIIème au XVIIème siècle : La famille De Combret
En 1275 Guillaume De Combret fut le 1er Seigneur de Broquiès de ce nom. Cette famille était l’une des plus anciennes et des plus puissantes familles seigneuriales du Vabrais : elle joua un rôle dans le Rouergue et le Gévaudan jusqu’au 17ème siècle.En 1339 on note l’existence d’un passage et d’un bac sur le Tarn.En 1365 on note la construction d’une tour fortifiée par les habitants après autorisation de Jean, Comte d’Armagnac.Vers 1375, les Routiers, soldats pillards, étendirent leurs ravages rançonnant les localités alentours et Broquiès également, comme déjà en 1347. Ces bandes ne disparurent du Rouergue qu’en 1391.C’est sous cette famille , en 1453, qu’on trouve mention du chœur de l’église que l’évêque Guillaume De La Tour ordonne de reconstruire en 3 ans, mais sa continuation qui aboutira à l’église actuelle date des années 1629 à 1640 (voir chapitre église). Vers 1551, le protestantisme, embrassé surtout par les Seigneurs, et Guion De Combret en 1561, s’implante dans le Rouergue avec la conséquence qui en découle : les Guerres de religion. Broquiès aurait même eu son Temple. Le fort fut pris sur les protestants par le Duc De Joyeuse le 8-11-1586, mais en 1588 les protestants avaient repris les localités perdues, dont notre village.
Eléonore De Combret, farouche huguenote, dame De Broquiès, épousa le 3-09-1597, Samuel d’Arpajon et c’est ainsi que, par son mariage, Broquiès passa à la famille d’Arpajon à cette date.
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Les d'Arpajon
Samuel et Eléonore eurent 4 fils dont Charles Jacob, marié à sa cousine germaine Rose Françoise d’Arpajon le 4-09-1624, fille de Jean V. Leur fille unique, prénommée elle aussi Eléonore, épousa le 8-09-1656 Jacques De Loubens-Verdalle, lui apportant tous les biens de sa maison dont la Seigneurie de Broquiès. Cette famille connut les Guerres de Religion dont la fin se situe chez nous avec la paix signée entre le Duc De Rohan et le roi le 27-06-1628, guerres pendant lesquelles la population souffrit la misère, la peste, la famine. Sous cette famille on trouve mention d’un pont provisoire sur le Tarn construit par Condé en 1628 pour faire passer son infanterie, mais le pont définitif date de 1865, rebâti en partie en 1983 suite à la violente crûe de 1982.
Les Loubens-Verdalle
Charles Louis, fils de Jacques, marié le 12-11-1698, mourut sans enfants le 17-08-1711, et en vertu des substitutions en vigueur tous les biens de sa maison des Loubens, dont la Seigneurie de Broquiès, passèrent à Claude Buisson, fils de sa sœur Marie-Anne.
Les De Buisson De Bournazel
Claude Buisson se maria 2 fois et eût de sa 1ère épouse, Camille, un fils Jean, Comte De Bournazel, né le 17-10-1736, qui épousa en 1ère noce Catherine Riquet qui mourut sans lui laisser de descendance. En 2ème noce, Jean épousa Anne Dorothée De Comminges dont il n’eût pas de postérité non plus. Mais il fit de cette seconde épouse son héritière et ce fut la dernière Seigneuresse de Broquiès. On ignore ce qu’elle devint pendant la tourmente révolutionnaire jusqu’à laquelle ce 18ème siècle fut tranquille dans notre pays, « chacun vivant à l’ombre de sa vigne et de son figuier ».
En 1790 Broquiès est érigé en chef-lieu de canton, mais supprimé par la loi du 8 février an IX (1801) et rattaché à St-Rome-de-Tarn, et, comme partout en France nos prêtres durent choisir la clandestinité … ou se soumettre. Le château fut pillé le 13-09-1792 par des brigands venus de Camarès, ne laissant rien des remparts sauf la porte sud appelée « porche » qui existe encore et où l’on peut voir sur la façade aval les armoiries du village « un lion léopardé ». Les biens de Broquiès furent alors divisés et vendus à des particuliers.
Autre noble famille : les De Guibal
Dès 1212 nous trouvons l’existence d’une famille De Guibal qui habita longtemps Broquiès où elle avait un château fortifié, mais aucun document ni vestige n’indique avec certitude ni précision sa situation. Néanmoins De Guibal avait des droits dans Broquiès même, dont celui d’exercer la justice, mais n’était pas considéré comme Seigneur du lieu. C’était une famille très riche, mais comme pour les autres nobles de la contrée les Guerres de Religion furent fatales à cette famille passée au protestantisme.
De 1800 à nos jours
Après 1800 c’est la pleine propriété concédée aux paysans et le développement agricole s’accroît avec le défrichement progressif et la culture des terres. Les habitants sont actifs et tirent de leurs sols tout ce qu’il est possible : vin, noix, fruits, céréales sur les plateaux. La pêche fournit en quantité anguilles, truites et autres poissons. Toutes ces productions commencent aussi à faire l’objet de troc avec les populations de « la montagne ». L’évolution démographique se poursuit et la population de la commune atteint son maximum en 1886 avec 2067 habitants. L’évolution des mentalités et des techniques favorise aussi l’émigration à Paris, aux Amériques, dans les colonies. Vers 1900 c’est l’électricité qui s’implante dans la vallée. Après la guerre de 1939 on ne comptera plus que 1316 habitants alors que 34 corps de métiers existaient. La production ovine pour Roquefort s’intensifie. Broquiès est encore un pays de vignobles. En 1853 a été fondé un collège communal dirigé par les Frères du Sacré-Cœur. Cette institution réputée a accueilli en 1910, 96 garçons de la paroisse et 49 pensionnaires des départements voisins. En 1905 il devint école libre et le resta jusqu’à sa fermeture en 1960. Passé un temps aux mains de « La vallée de l’Amitié » pour en faire des gîtes ruraux qui ne virent jamais le jour, la mairie le racheta en 1973 pour construire sur son emplacement, après démolition, la nouvelle et actuelle gendarmerie. Malheureusement les conflits de ce XX ème siècle (y compris les colonies) gardèrent 137 soldats et ensuite l’exode rural accentua le dépeuplement de notre commune qui n’a plus aujourd’hui que 620 habitants bien que les efforts faits depuis quelques années pour limiter cet exode commencent à porter leurs fruits.
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L’église
L’église actuelle a été construite entre 1629 et 1637, dans le style gothique flamboyant quoique de la période Renaissance, à l’emplacement de l’ancienne qui était étroite, basse et très obscure : les clés de voûte en portent les dates. C’est Joan Fabier, maître maçon à Broquiès qui en fut chargé. Elle est remarquable par sa voûte d’ogives, ses vitraux, sa magnifique rosace, ses boiseries, son autel, la chaire qui l’ornent. Ces sculptures font preuve « d’un travail soigné et élégant qui a du exiger des ouvriers habiles ». Tout le pavement de l’intérieur et les peintures ont été refaits en 1997. L’ensemble fait de notre église, d’après un spécialiste de l’art sacré, « une des plus belles de l’Aveyron ».
Actuellement des panneaux pédagogiques forts bien faits, complétant ceux qui sont disséminés dans le village, permettent une découverte de l’édifice avec l’explication de la symbolique de l’ensemble.
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